Travaux de renaturation du Solin sur les communes de Villemandeur, Pannes et Châlette-sur-Loing (45)
Juillet 2023
Cours d'eau concerné : Solin Communes : Villemandeur, Pannes, Châlette-sur-Loing
Objectifs :
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Localisation du site :
Perturbations du milieu :
Le Solin a subi de nombreuses modifications au fil des années créant de fortes altérations sur son milieu.
Pendant les remembrements (1960-70) d’importants travaux de rectification et de recalibrage ont été réalisés en plus des barrages édifiés tout au long de son linéaire d’écoulement.
Aujourd’hui, de nombreux impacts résultent de ces travaux :
- Accélération et homogénéisation des vitesses d’écoulement ;
- Incision et érosion du lit, augmentant la hauteur et la fragilité des berges, déconnectant le cours d’eau de ses annexes ;
- Disparition des zones humides permettant de soutenir les étiages avec leurs capacités à stocker de l’eau et à prévenir contre les inondations ;
- Le réchauffement des eaux et l’accentuation de l’évaporation, engendrant une baisse de l’oxygène dissous et une prolifération des algues et végétaux.
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Contexte des travaux :
L’EPAGE du Bassin du Loing, anciennement le SIVLO a lancé en 2014 une étude visant à renaturer le Solin sur les communes de Villemandeur, Pannes et Châlette-sur-Loing.
Ce projet, stoppé momentanément, a été relancé en 2022 par une importante phase de communication auprès des propriétaires riverains.
En effet, pour réaliser ces travaux situés majoritairement sur des parcelles privées, l’EPAGE a dû conventionner avec l’ensemble des 127 propriétaires concernés afin de réaliser une restauration du cours d’eau à une échelle suffisamment cohérente.
Cette phase de rencontre et de communication a pris du temps mais a permis d’obtenir l’accord des propriétaires, permettant d’intervenir sur l’intégralité du linéaire.
L’EPAGE du Bassin du Loing a donc engagé en Juillet 2023, les travaux de renaturation du Solin sur plus de 3,3 km entre la ferme de Platteville, située sur la commune de Villemandeur, et la Rue du 23 Août 1944 à Châlette-sur-Loing.
Ces travaux ont permis de rétablir le fonctionnement hydraulique du Solin tout en intégrant la reconquête du bon état écologique des masses d’eau instaurée par la Directive Cadre sur l’Eau (DCE) de 2000.
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Ce tronçon urbanisé, situé à l’aval du bassin versant du Solin, était maintenu en eau artificiellement par les barrages de Gaudry, du Gué-Perreux et de Montalibert. Ces ouvrages hydrauliques, appartenant à l’EPAGE du Bassin du Loing, n’avaient plus aucune utilité et ont donc été supprimés en Juillet 2023.
Cependant, de par le degré d’artificialisation du cours d’eau trop important, la simple suppression des barrages n’aurait pas suffi à redonner à la rivière sa dynamique naturelle.
C’est pourquoi il était nécessaire d’accompagner ces travaux par des mesures de restauration morphologique du lit mineur et des berges.
Le lit, trop large, a été réaménagé afin de maintenir une hauteur d’eau suffisante en étiage. Les travaux ont consisté à mettre en place des banquettes minérales en alternance qui se végétaliseront avec le temps.
La prairie située à l’arrière du Lycée Durzy, et appartenant à la commune de Villemandeur, a été transformée en Zone d’Expansion de Crue (ZEC). Cet aménagement consiste à créer des dépressions permettant de stocker temporairement l’eau en période de crue. Ce nouvel habitat apportera d’autres bénéfices comme la filtration et l’autoépuration naturelle de l’eau ainsi que le stockage de Carbone.
Enfin, le projet a intégré des aménagements paysagers, permettant aux habitants de se réapproprier le cours d’eau et ses abords avec la mise en place de plantations, la création de cheminements piétons et l’installation de panneaux pédagogiques.
Objectifs des travaux :
La suppression des barrages :
- Abaissement de la hauteur d’eau : Celle-ci était maintenue artificiellement auparavant ;
- Atténuation du réchauffement et de l’évaporation de l’eau : Permet d’obtenir un gain sur la température moyenne et la qualité de l’eau du Solin ;
- Restauration de la continuité écologique : Les sédiments et les espèces piscicoles peuvent à nouveau, accéder librement à leurs lieux de reproductions et effectuer un brassage génétique ;
Les banquettes minérales :
- Diversification des habitats : Les banquettes minérales vont créer des alternances de vitesses de courants et de profondeur d’eau. Cette diversité d’habitats est indispensable à l’accomplissement du cycle de vie des espèces aquatiques (aire d’alimentation de reproduction, de caches, de reproduction…). ;
- Resserrement de la lame d’eau : Réduire la largeur du Solin permet l’été, de ralentir le réchauffement et l’évaporation de l’eau. Les paramètres associés comme la teneur en oxygène sont moins influencés, le développement excessif des algues et de la végétation aquatiques (eutrophisation) est également limité. ;
La Zone d’Expansion de Crue (ZEC) :
- Lutte contre les inondations et les étiages : les zones humides fonctionnent comme des éponges, l’hiver elles stockent le surplus d’eau afin de la restituer en été ;
- Diversification des habitats : Grand réservoir de biodiversité, un bon nombre d’espèces faunistiques et floristiques dépendent des milieux humides pour vivre ;
Une ripisylve saine et diversifiée :
- Stabilisation des berges : Les essences associées aux bordures des cours d’eau (Aulnes, Frênes, Saules…) limitent l’érosion des berges et des sols grâce à leurs systèmes racinaires. En réduisant la vitesse d’écoulement, ils limitent également la propagation des crues ;
- Filtration et épuration des eaux : Les branches et les racines bloquent les particules fines en cas d’érosion et de ruissellement, réduisant le colmatage du lit de la rivière. Celles-ci absorbent également nitrates, phosphores, et certains métaux lourds ;
- Création de zones ombragées : L’ombre limite le réchauffement de l’eau ;
- Création d’habitats et de corridors écologiques : La ripisylve permet une connexion entre les milieux terrestres et aquatiques, elle facilite la circulation des espèces, offre des abris, des espaces de reproduction et d’alimentation ;
Descriptif des travaux :
La suppression des barrages :
Les travaux ont débuté en Juillet 2023 avec l’entreprise Blot qui, pendant 4 semaines, a supprimé les barrages de Gaudry, du Gué Perreux et de Montalibert. Le retrait de ces ouvrages a permis au Solin de retrouver une dynamique d’écoulement et une hauteur d’eau plus naturelle.
Les clapets ont été démantelés et les radiers dérasés à l’aide d’une pelle hydraulique munie d’un brise roche hydraulique.
Les bajoyers rive droite des barrages de Gaudry et du Gué Perreux ainsi que le bajoyer rive gauche du barrage de Montalibert ont été supprimés afin de reprofiler les berges en pente douce.
Le barrage de Gaudry
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Le barrage du Gué Perreux
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Le barrage de Montalibert
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La Zone d'Expansion de Crue
Les travaux se sont poursuivis en Septembre 2023 avec le groupement d’entreprises Charier et Chognot. L’entreprise La Guilde, intervenant en sous-traitance, a retiré toute la végétation en rive droite du Solin, le long de la prairie communale de Villemandeur, Rue des Castors. Cette première intervention a permis aux équipes de Charier de débuter l’opération d’aménagement de la Zone d’Expansion de Crue (ZEC).
Des scrapers tractés ont retirés toute la terre végétale présente et l’ont stockés le long du boisement pour la reniveler une fois le terrassement du projet terminé. Cette action permet une reprise rapide de la végétation herbacée en fin de travaux.
Par la suite une pelle de 25 Tonnes a effectué le terrassement. Ce sont 16 000 m3 de mélange terro-argileux qui ont été extraits et évacués avec des camions 6x4.
L’espace destiné à accueillir les hautes-eaux a été aménagé de manière à édifié un maximum d’habitats. Une partie des souches retirées ont été placées avec leurs systèmes racinaires apparents pour créer des caches et des supports de vie à la faune. Des courbes ont également été créées afin d’intégrer au mieux cet aménagement dans le paysage.
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Un ensemencement a été réalisé sur ce site avec un mélange de graines typique des prairies humides (Menthe aquatique, Reine des prés, Jonc, Renoncule, Baldingère, Iris des Marais…).
Le chemin piétonnier présent initialement a été déplacé le long du boisement, les conditions climatiques du mois de Novembre et Décembre ont rendu sa finalisation impossible. Les entreprises reviendront en Printemps 2024 pour reprendre le chemin, mettre en place le barriérage, les plantations d’arbres et d’arbustes…
Le régalage des matériaux extraits :
L’opération la plus conséquente est la création d’une Zone d’Expansion de Crue (ZEC) sur une parcelle communale à Villemandeur.
Comme expliqué précédemment, cette phase de travaux a nécessité l’extraction et l’évacuation d’une grande quantité de matériaux terro-argileux. Afin de réduire le bilan Carbonne et le coût de cette opération, une convention (prévoyant une indemnisation) a été établie avec un agriculteur sur la commune de Chevillon-sur-Huillard. A ce titre, deux parcelles agricoles ont été mises à disposition de l’EPAGE pour régaler les matériaux extrait de la ZEC.
Cette opération a été réalisée en plusieurs étapes, la première a consisté à retirer la couche de terre végétale des parcelles pour la stocker sur le côté le temps que les camions dispersent les matériaux extraits de la ZEC sur le terrain. Par la suite un bulldozer est venu aplanir le terrain en donnant une surface régulière avec les côtes prédéfinies par un géomètre. En fin d’opération, la terre végétale décapée initialement a été régalée en surface des parcelles.
La première parcelle agricole est terminée, la deuxième ne peut être finalisée pour le moment. Les intempéries de fin d’année ont empêché l’entreprise de poursuivre le processus de régalage. Lorsque les conditions météorologiques seront plus favorables, les entreprises reviendront finir le nivellement.
Une partie a été régalée sur des parcelles agricoles à Chevillon-sur-Huillard et l’autre partie a été stockée en différents points sur la zone de projet, afin d’être réutilisée pour la création des banquettes minérales.
La création des banquettes :
L’entreprise Chognot est en charge de la création des banquettes, celles-ci sont constituées à 70 % de terres extraites de la ZEC et 30 % de pierres, des filtres sont placés dans le Solin afin de limiter le transit des matières fines et le colmatage. Afin de définir l’emplacement et la forme de ces aménagements, la chargée de mission et le chef d’équipe ont réalisé des piquetages avec des jalons au fur et à mesure de l’avancée des travaux. L’emplacement de ces aménagements est défini par le faciès (profondeurs, vitesses d’écoulement…) du cours d’eau.
Les banquettes sont préférentiellement placées sur les zones de dépôts déjà présente, les systèmes racinaires sont conservés au maximum puisqu’ils offrent de nombreux bénéfices au milieu (protection des berges, zones de caches, supports de pontes…).
Les zones de radiers correspondent à une faible hauteur d’eau, une dynamique d’écoulement rapide et une oxygénation importante. Un bon nombre d’espèces aquatiques se plaisent à fréquenter ces milieux, dans le cadre des travaux, des radiers ont été recréés.
A ce jour des banquettes ont été placées sur la moitié du linéaire prévu, l’entreprise s’est arrêtée au pont de la Rue des Castors. Les intempéries de fin d’année ont engendré une montée des eaux rendant leurs créations impossibles, l’opération sera reprise au Printemps.
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Communication / Valorisation de l'action :
La communication sur ce projet était essentielle, 127 propriétaires sont situés dans l’emprise du projet. Les travaux sont réalisés en zone urbaine et permettent donc de sensibiliser les habitants des communes aux enjeux de protection des milieux aquatiques. Renaturer le Solin sur ce secteur urbain permet de le revaloriser auprès des habitants et de le réintégrer à nouveau dans le paysage.
- Un livret d'information :
Lien de téléchargement : un lien.
- Article dans la presse locale :
- Opération de ramassage des déchets :
Une opération de ramassage des déchets a été réalisée avec l’APAGEH (Association Pour l’Avenir du Gâtinais Et de ses Habitants), les 3 300 ml de la zone de projet ont été parcourus et ce n’est pas moins de 400 kg de déchets qui ont été ramassés. Des photos ainsi que le détail de cette opération a été publiés sur les réseaux sociaux de l’EPAGE et des communes associées afin de sensibiliser les habitants aux jets de déchets dans la nature et la pollution que cela engendre.
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Les déchets les plus retrouvés :
- Des canettes en ferraille (10 ans de dégradations),
- Des bouteilles en verre (4 000 de dégradations),
- Des pièces automobiles (100 ans de dégradations pour les pneus)
- Du plastique (Met entre 100 et 1 000 ans à se dégrader)
- Des pièces de téléphonies (les batteries polluent 400 L d’eau et mettent 200 ans à se dégrader)
- Des mégots de cigarettes (polluent 500 L d’eau et mettent 5 ans à se dégrader)
- Organisation d'un café chantier :
Les entreprises, le bureau d’études et l’EPAGE étaient présents, permettant d’échanger et de répondre aux différentes interrogations suscitées par les travaux. Les retours positifs de cette animation amèneront l’EPAGE à reconduire ce type d’événement.
- Passage sur France 3
Présentation des travaux de création de la ZEC dans le 19/20 h sur France 3 le 03/10/2023
- Visite du chantier avec l'Agence de l'eau Seine Normandie :
Les démarches réglementaires :
- Dossier Loi sur l’eau / Déclaration d’Intérêt Général
- Arrêté préfectoral daté au 14 Février 2023
Les financeurs :
Financeurs |
Taux % |
Montant en euros TTC |
Agence de l'eau Seine Normandie |
80 % |
682 713, 20 € |
Région Centre-Val-de-Loire |
15 % |
128 008,73 € |
EPTB Seine Grands Lacs |
Partage du reste à charge |
42 669, 58 € |
EPAGE du Bassin du Loing |
Le coûts des travaux :
Désignations | Montant T.T.C |
Projet vidéo |
8 080, 00 €
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Suppression des trois barrages | 32 085, 60 € |
Installations / études d'exécution | 63 708, 00 € |
Travaux forestiers | 59 902, 00 € |
Mise en oeuvres des banquettes et retalutage des berges | 202 955, 00 € |
Création de la Zone d'Expansion de Crue | 318 852, 38 € |
Total T.T.C | 853 391, 50 € |
Les travaux en quelques chiffres :
- 3,3 km de lit mineur restaurés
- 2.10 hectares de zone humide
- 6 000 m3 d’eau stockée
- 3 barrages supprimés
- 6 km de cours d’eau décloisonnés